Le cardinal de Richelieu et les chats

Fondateur de l'académie Française, plus célèbre ministre de Louis XIII, génie politique, Richelieu est l'un des personnages les plus illustres et des plus controvérsés du XVIIème siècle.

Une vie au service du roi dont il va renforcer et asseoir le pouvoir comme jamais auparavant.

Armand Jean Du Plessis, duc de Richelieu, fils d'un capitaine des gardes d'Henri IV, va connaître une ascension fulgurante lorsque en 1614, Marie de Médicis le remarque.

Secrétaire d'état puis ministre des affaires étrangères, il obtient la barette de cardinal en 1622.

Il entre au conseil du roi deux ans plus tard et devient son principal ministre, l'ancêtre de la fonction de l'actuel premier ministre.

En 1629 le roi lui octroie le titre de duc et Richelieu ne quitte plus ce souverain au côté duquel il va briller, pour le meilleur et pour le pire pendant près de vingt ans.

On sait que le cardinal s'attaque avec virulance aux protestants dont le point d'orgue est le siège et la capitulation de la Rochelle, bastion protestant et qui se traduisit par la mort de 20000 personnes.

Richelieu va tout faire pour renforcer la puissance de la France face aux Habsbourg, réprimer dans le sang la révolte des paysans accablés par l'augmentation des prélèvements fiscaux qu'il avait imposée, de la promulgation d'une loi condamnant à mort les duélistes ou de la constitution de terribles édits qui font trembler le pays.

Ce que l'on sait moins, c'est la passion que le Cardinal avait pour les chats.

D'abord pour le côté pragmatique, Richelieu introduisit dans ses appartements des chats pour lutter contre les rongeurs afin de protéger ses biens et surtout ses livres, si précieux.

Fort utiles également dans la librairie royale, ses cuisines, ses placards à vêtements, un chat est indispensable.

Sur les bateaux, Richelieu savait que sans chats à bord, un navire était perdu, les rats adorant entres autre le suif qui grassait les cordes qui reliaient la barre au gourvernail. 

Mais au fil du temps, il devint un amoureux des chats auquels il s'attacha, en possédant jusqu'à 14 d'entre eux simultanément.

On peut imaginer l'homme d'état besognant à sa table de travail entouré de ses chats, en passant sa main dans la fourrure de l'un de ses protégés, tout en continuant à statuer sur le sort des protestants.

Les mémorialistes de l'époque ont rapportés que près de son bureau, Richelieu avait fait aménager une chatterie où vivait quatorze Angora Turcs, il avait en effet une nette préférence pour les chats à poils longs.

On a pu retrouver le nom de certains :

Felimare, à la robe tigrée, Gavroche, un semi Angora, Gazette, Rubis, Mistigri, Blanchette, Raton, Cyrus, Lucifer, totalement noir, ce qui est très étonnant pour un cardinal en plein coeur de la chasse aux sorcières, dont le nom et la couleur rappelaient les puissances occultes, Ludovic le cruel, chasseur de rats impitoyable, Ludoviska ( l'amante polonaise de Ludovic le cruel !), Mimi-paillon, un Angora doré, Mounard le fougueux, chat querelleur, vif et capricieux, Perruque, car elle ressemblait à la perruque du marquis de Racan ( académicien que le cardinal ne devait pas porter dans son coeur !), Pyrame et Thysbe, deux chats qui s'endormaient enlacés, ces noms sont ceux de deux amoureux légendaires de la mythologie grecque, Rubis sur l'ongle, un chat qui se toilettait beaucoup et buvait son lait jusqu'à la dernière goutte, Serpolet, qui aimait le soleil comme la plante du même nom, Soumise, la préférée de Richelieu qui acceptait tout de lui, ce qui montre d'ailleurs le type de relation que ce personnage intransigeant et haïssable avait avec ses animaux favoris.

Les noms que Richelieu avait donné à ses chats étaient tendres, drôles, ironiques parfois, bien loin de la rigueur et du poids des repsonsabilités liés à sa fonction d'homme d'état.

Les chats de Richelieu étaient nourris au blanc de poulet, ils avaient à leur dipsosition une pièce entière et deux domestiques à temps complet ainsi que le médecin personnel de Richelieu chargé de veiller à la bonne santé des petits félins.

Bien qu'ayant leur propre pièce, les chats dormaient dans le lit de leur maître.

Ce luxe incroyable dédié aux chats de Richelieu peut paraître révoltant en cette période de disette, de hausse des impôts et de grandes épidémies de peste.

Richelieu aimait avoir un chat sur ses genoux lorsqu'il recevait ses ambassadeurs ou ses espions, ou lorsqu'il avait de grandes décisions à prendre.

La présence d'un chat à caresser devait calmer le stress du cardinal devant des décisions difficiles à prendre, tout en lui donnant une certaine constance.

L'histoire du chevalier de Mérancourt.

A la veille de son mariage, le chevalier de Mérancourt, jeune homme fougueux de vingt ans s'était livré à un duel, ce qui était formellement interdit et puni de la peine de mort.

Arrêté, le chevalier attendait son ordre d'exécution décidé par Richelieu, qui pris le temps de la réflexion.

Richelieu dû réfléchir avant de prendre une décision aussi grâve d'éxécuter un jeune homme, à la veille de son mariage et appartenant à la noblesse Française de surcroît.

Inflexible, il signa la lettre de l'ordre d'éxecution qu'il laissa sur son bureau.

Il revint le lendemain, finalement très en colère contre lui même d'avoir pris une telle décision, puisqu'il appris en plus que le chevalier s'était distingué sur le champ de bataille.

Mais l'espièglerie des chats modifia le destin, en effet deux d'entre eux sautèrent sur le bureau, renversèrent la bouteille d'encre et maculèrent le document.

La signature du cardinal illisible, le chevalier de Mérancourt ne fût pas executé et finalement gracié avec soulagement par Richelieu.

La mort de RIchelieu.

C'est en 1642 que le cardinal de Richelieu meure à 57 ans, il veille à ce que ses chats héritent d'une maison, et leur laisse de l'argent afin qu'ils ne manquent de rien après son décés.

Hélas, ses instructions ne furent pas suivies et les chats furent exterminés par les gardes du cardinal, triste sort.