L'Angora Turc

L'Angora Turc est un chat bien spécifique, originaire de Turquie, qu'il ne faut surtout pas confondre avec le Persan. Gracieux et recouvert d'une fourrure soyeuse. Il est doté d'une personnalité fort complexe.

Les origines de l'Angora Turc sont contenues dans son nom, qui évoque à la fois la ville et le pays d'où nous vient ce chat. En effet, la ville qui est aujourd'hui la capitale de la Turquie s'appelait autrefois autrefois Angora (elle fut rebaptisée Ankara en 1930).

Mais tous ne proviennent pas de Turquie, certains ont pu être ramenés de Syrie et d'Iran.

Ce chat est connu en orient depuis 2000 ans, l'Angora Turc était déjà connu par les Romains, c'est ainsi qu'Auguste Octave, premier empereur de Rome et neveu de Jules César décrivait sa chatte blanche aux yeux d'or "comme délicate et raffinée, noble et indépendante d'esprit".

En 1756 le naturaliste Buffon en fait une déscritpion dans son histoire naturelle : " Le chat d' angora tout blanc et à poils longs". Au XVIIIe siècle, le naturaliste suédois Carl Von Linné, donne le nom de Cattus angorensis à l'Angora Turc afin de le différencier du chat domestique et du Charteux. 

Ce chat est très apprécié de l' aristocatie européenne et française car il représente un "objet" de luxe, Richelieu en possaidait quatorze, les rois Louis XIII et  Louis XVI en possaidaient également, Marie-Antoinette, grande amatrice de ces chats en envoya en Amérique, leur croisement donna naissance au Main-Coon.  

Comment ce nom propre est-il devenu commun et synonime de "poil long"? Simplement à cause de la particularité commune aux animaux de la région : une somptueuse fourrure.

Les chats n'échappaient pas à cette caractéristique. D'abord domestiqués dans leur ville natale, ils furent bientôt découverts par les voyageurs européens. Bien que la date de cette découverte soit imprécise (1620-1630), son auteur, lui, est bien connu : Pietro Della Valle, richissime Italien, et de surrcroît grand voyageur, notamment dans l'empire ottoman.

Il décrivit ces chats et exprima le désir d'en ramener un chez lui. "Leur grandeur et leur beauté, dit-il, résident dans leur poil délié, fin, lustré, mollet et délicat comme la soie, et si long que, bien qu'il ne soit pas hérissé, il est en quelques endroits couché et annelé, particulièrement sous la gorge, à la poitrine et aux jambes.

Enfin, je puis dire que les chats du Khorasan sont entre les autres chats ce que sont les Barbets entre les chiens.

Le plus beau de leur corps est leur queue, qui est fort longue et toute couverte de poil, long de cinq ou six doigts, qu'ils étendent sur leur dos comme font les écureuils, la pointe en haut, en forme de panache, qui est un objet agréable à la vue."Port de queue toujours en vigueur aujourd'hui!

Le deuxième pays d'Europe à se doter d'Angoras Turcs, là aussi grâce à un navigateur, a été la France. Aux alentours de 1630, Pereise, elève de Galilée, antiquaire, sénateur et astronome, rentre d'Angora avec un chargement de chats et de chèvres à poil-long.

Après un voyage difficile, c'estl'élevage même de ces chats qui se révèle problématique. Etrangers au climat, sujet aux maladies et trop enclins à frayer avec les "greffiers" du coin, les Angoras Turcs sont source de bien des soucis.

Mais, avec beaucoup de persévérence, Pereise, qui n'était même pas amateur de chats : les Angoras lui plaisaient en tant qu'"objet d'art" ! développe la race dans sa Provence natale d'abord, puis à Paris.

Le XIXe siècle va marquer une nouvelle étape pour l'Angora Turc. C'est à cette époque, en effet, qu'Anglais et Américains l'importèrent de France et d'Italie.

Les Britanniques l'apprécièrent fort, comme l'attestent les propos du célèbre juge Harrison Weir dans son livre our cats and all about them : "Les meilleurs Angoras Turcs sont d'une grande valeur, d'un blanc pur aux yeux bleus, et sont considérés comme la perfection féline, toutes les autres caractéristiques étant aussi bonnes et leur ouïe nullement déficiente .

Les couleurs sont variées, mais le noir, qui doit avoir les yeux orange, tout comme les chats ardoise, le bleu et le blanc sont les plus appréciés...". C'était en 1889. Neuf ans plus tard, les couleurs qui séduisaient tant H. Weir étaient interdites, et seul le blanc originel devait subsister (la querelle des couleurs a toujours marqué la race, et elle n'est pas totalement réglée aujourd'hui).

L'Angora Turc sauvé grâce aux sujets conservés au zoo d'Ankara

La situation, jusque-là brillante, de l'Angora, allait brusquement changer, au profit du sport félin, mais aux dépens de la race. A la fin du XIXe siècle, les éleveurs anglais, en quête de nouveautés, eurent l'idée de croiser leurs  Angoras Turcs avec des chats afghans à poil laineux : le Persan était né...et l'Angora en voie de disparition.

Non seulement sa popularité avait dramatiquement chuté (au bénéfice du Persan), mais sa pureté même était compromise, croisements intensifs obligent. Heureusement, la Turquie, touchée par le sort de son chat national, vint au secours de la race.

C'est ainsi que le zoo d'Ankara accueillit et sélectionna exclusivement des sujets blancs (yeux bleus, ambre ou impairs). La race était sauvée. Après l'Angleterre, c'est l'Amérique qui allait prendre en main la destinée de l'Angora Turc.

Citons le rachat spectaculaire d'un mâle blanc, Napoléon, par Mrs.Weed (état de New York) pour la modique somme de 5000 dollars (à l'époque, le prix d'un prix d'un petit cottage !), en 1959, ou la permission exceptionnelle donnée par le gouvernement d'Ankara à Walter et Liesa Grant en 1963 pour l'acquisition d'un couple.

Yildiz("star"), mâle blanc aux yeux impairs, et Yildizck ("starlet"), femelle aux yeux ambre, donnèrent la première portée américaine. L'Angora Turc moderne est un chat relativement petit, gracieux, à la tête délicate et à la fourrure soyeuse, avec les oreilles pointues et plantées haut, la queue portée "en écureuil", l'arrière-main légèrement plus haute que l'avant.

Aux Etats-Unis, seconde patrie de la race, la délicate question des couleurs n'a pas manqué de se poser, et en 1978 elle s'est soldée par la reconnaissance officielle des chats autres que blancs.

La nouvelle a tellement révolutionné les puristes que certains d'entre eux ont carrément vendu leur élevage plutôt que de produire du "coloré" ! Il n'empêche que, aujourd'hui, presque toutes les variétés sont admises, à l'exception du motif colourpoint (pour éviter une éventuelle ressemblance avec le Balinais ?).

En France, les Angoras Turcs colorés sont admis par les clubs indépendants, ceux affiliés à la FIFe s'en tenant au blanc seul.

Autrefois difficile, il est redevenu un charmant compagnon

Grâce à des règles précises sur ses couleurs et à une meilleure connaissance du public, la position de l'Angora Turc paraît donc moins incertaine qu'auparavant, même si quelques nuages subsistent : d'une part, le nombre restreint d'éleveurs et la petitesse du cheptel, d'autre part, des préjugés populaires tenaces parfois entretenus par des marchands peu scrupuleux.

En effet, alors que les amoureux de l'Angora Turc revendiquent son identité de race pure et bien distincte, certaines personnes malhonnêtes n'hésitent pas à mystifier le néophyte en lui vendant comme Angora un Persan un peu fluet ou gouttière blanc à poil long.

Enfin la réputation de surdité qui pèse sur la race est susceptible d'en détourner d'éventuels amateurs.

Le standard

Tête : De petite à moyenne, triangulaire, profil moyen, nez droit, long, sans trace de stop, menton arrondi, aligné sur le même plan vertical que le nez. Oreilles larges à la base, longues, pointues et touffues, plantées haut sur le crâne.

Yeux : Grands, en amande, légèrement obliques, verts, dorés ou ambre. Chez les sujets blancs, ils peuvent aussi être bleus ou impairs.

Cou : Long et mince.

Corps : Petit à moyen chez la femelle, un peu plus grand chez le mâle, ossature fine mais solide, cage thoracique étroite, pattes effilées, plus longues à l'arrière qu'à l'avant. Petits pieds ronds et délicats, bien garnis de poils entre les doigts.

Queue : Longue, large à la base, effilée, ses longs poils lui donnant l'aspect d'une plume. En action, portée rabattue sur le dos, sa pointe touchant presque la tête.

Robe : Longue et fine, soyeuse, dépourvue de sous-poil laineux. mi-longue sur le corps, plus courte sur le dos et la face, longue au cou, sous le ventre et sur la queue. Elle a tendance à onduler dans sa partie inférieure.

Couleurs : Blanc pur, noir, bleu, chocolat, lilas, rouge, crème, écaille-de-tortue, tous motifs de tabby, smoke, etc.(sauf colourpoint).

Défauts : Type Persan, queue nouée, strabisme, ossature massive.