Colette et ses chats

Entre l'auteur et la gent féline, une grande histoire d'amour est née dans l'enfance et a perduré toute la vie. La passion de Colette pour les chats se retrouve dans son oeuvre, qui leur fait la part belle.

Dés son enfance passée en Bourgogne, Colette s'intéresse aux animaux et aux chats en particulier, elle les aimera toute sa vie.

Kamaralzaman, La Noire, Poucette, Muscat, Chatte-Dernière, Prrou, Béri, Krô...Colette s'est toujours entourée de chats. Sa fascination, notamment pour les chartreux, a marqué sa vie.

Elle alla jusqu'à incarner sur scène son animal favori, au Bataclan, en 1912, dans la pantomine La Chatte amoureuse. Mais c'est sa plume qui campe le mieux ses portraits.

Ici Francette, sa première chatte, "assise, droite, correcte, comme une déesse-chatte recte" (Claudine en ménage).

" A l'espèce chat, je suis redevable...d'un grand empire sur moi-même, d'une aversion caractérisée pour les sons brutaux et du besoin de me taire longuement.".

Là béni "vêtu comme une fée...miraculeusement à l'aise dans son nuage qui l'habillait par- derrière d'une immatérielle culotte floconneuse..." (le fanal bleu).

Et enfin Saha, la chatte aux yeux "d'or pur" et à l'oreille "ourlée d'argent", celle pour qui Colette affirme : "quand je cesse-rai de chanter la Chatte-Dernière, c'est que je serai devenue muette sur toutes choses."

Dialogues de bêtes

Dans son oeuvre, les chats sont doués de parole. Ils révèlent aux lecteurs quelques clés de leur personnalité, telle Kiki-la-Doucette répondant à Tobby-Chien qui lui reproche son mauvais caractère :

"Non pas. Un caractère seulement. Un caractère de chat.C'est dans de tels moments irrités que je sens à n'en pas douter l'humiliante situation qui nous est faite, à moi et à tous ceux de ma race.

Je me souviens d'un temps où des prêtres en longues tuniques de lin nous parlaient courbés et tentaient, timides, de comprendre notre parole chantée.

Sache, Chien, que nous n'avons pas changé ! Peut-être y a t-il des jours où je suis plus pareil à moi-même, où tout m'offense justement, un geste brusque, un rire grossier, les fracas d'une porte, ton odeur, l'inconcevable audace que tu as de me toucher, de me cerner de bonds circulaires..."(Dialogues de bêtes).

C'est en 1933 que Colette publie l'un de ses meilleurs romans, "La Chatte", son inspiratrice est sous ses yeux dans la chambre de l'hôtel Claridge à Paris qu'elle occupe il s'agit de Chatte-dernière, qui la suvra dans son appartement du Palais Royal.

Chatte-Dernière, l'âme soeur

La dernière chatte qui vécut auprès de Colette, Chatte-Dernière, mourut le 19 février 1939. Colette ne la remplaça pas. Peu d'êtres occupèrent une place aussi importante dans la vie de l'écrivain. D'ailleurs Colette rend hommage à la "chatte de sa vie", son âme soeur, en lui consacrant un livre où elle la dote d'une personnalité complexe et séduisante.

Le chat ne fait plus simplement partie du décor, il est au centre de l'intrigue, au coeur du drame. En effet Chatte-Dernière, le modèle de Saha, fut l'héroïne de la nouvelle La Chatte.

Dans son roman "La Chatte", Saha forme, avec Alain et Camille un ménage à trois où femme et chatte rivalisent. C'est la chatte bien sûr, "la noblesse féline, son désintéressement sans bornes, son savoir -vivre, ses affinités avec l'élite humaine", qui gagnera ce duel inattendu.

La chatte provoque la jalousie de Camille qui voit son mari plus proche et plus complice de l'animal qu'elle même, la jeune femme tente de tuer la charteuse en vain, et son mari part avec Saha. 

"La Chatte-Dernière, avec son regard d'or, suivait et surveillait la plume de son stylo qui se promenait inlassablement sur les pages de vélin bleu..."